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Le père, comme remède contre le mal-de-mère

3 Septembre 2017 , Rédigé par L'APFEC Publié dans #Nos publications

Yasmine Belhassen, psychologue clinicienne, psychothérapeute.

Journée d'études AFPEC "La fonction paternelle"

 

A la question qu’est-ce qu’un père, Lacan répond qu’avec le père, nous sommes au delà de ce qui peut se formuler comme question. 

Avec toutes les avancées technico-médicales, entre la gestation pour autrui, les mères porteuse, les donneurs de spermes et toutes les différentes techniques médicalement assistées la question c’est qui le père et c’est quoi être père, est au cœur des débats d’actualité sur la parentalité. Est-ce celui qui a donné un  échantillon de ADN ou est- ce celui qui changé les couches ? Et la mère est-celle qui a portél’enfant ou celle qui fournit l’ovule. Bref, malgré toutes ces avancées médicales, de mœurs  ou encore de liberté sexuelles et le droit  à la parentalité à tout prix, on trouve  aisément et facilement une réponse à la question c’est quoi une mère qu’une réponse à la question liée au père à sa place et à sa fonction. Quand on évoque la mère il y’a tout de suite une garantie biologique c’est elle qui porte l’enfant c’est elle qui accouche c’est elle qui allaite, etc. Alors que le père est plus rattaché à la dimension symbolique.  On entend souvent d’ailleurs dans le langage commun  ouras ommi li jébetni ( au nom de ma mère qui m’a mis au monde). Baba s3ib, Babab 3ala Rou7ou .. Baba kéyénou mouchh mawjoud ». 

A  6 ans, Adam est décrit comme très agité, violent : "il me casse un verre ou une assiette à chaque fois qu’on est à table me dit-elle, il m’exaspère, il pose trop de question et il veut une réponse à tout ajoute-t-elle.  Adam était craintif au début après petit-à-petit il venait  tout content avec es petites voitures et  un tas de questions et je il ne voulais pas rentre à chaque fin de séance. Pourquoi il y a le soleil, pourquoi il y a 7 jous dans la semaine pourquoi je fais des rêves quand je dors très curieux comme garçon J jusqu’au jour ou il vient me poser la question de comment je suis venu au monde ma mère ma expliqué me dit-il que je suis venu de son ventre mais j’ai pas compris comment ? Et la je lui explique qu’il faut un papa et une maman et j’essai de lui faire un dessin et la il me pose une question tellement évidente mais tellement inattendu «  je sais comment maman est devenu maman parce qu’elle est sorti du ventre de mami et moi je sais comment je suis venu du ventre de maman mais comment on fait pour les papas  ils viennent aussi du ventre de leur mère ». Entre le jeune Paul devenu Stromae qui a perdu son père au génocide de Rwanda et qui  grandit sans lui et qui des années plus tard écrit dans une tentative cathartique dans la chanson papa ou t’es écris ceci « Tout le monde sait comment on fait des bébés mais personne ne sait comment on fait des papas » et le petit Adam qui des haut de ses six ans pose la même question différemment, « comment on fait pour les papas  ils viennent aussi kif kif du ventre de leur mère »  il n’y a pas à mon sens une grande différence ; en effet le petit Adam n’a jamais vu son père qui a quitté sa mère au 7em mois de sa grossesse, parce qu’il n’était pas prêt à être père selon elle. Dans le discours de la mère le père est aux abonnées absents pour le punir me dit-elle il ne verra pas son fils et il n’entendra jamais parler de lui. c’est moi le père et la mère il ne verrai pas son fils grandir  (jébtou wahdi ou bech nrabih wahdi) d’ailleurs moi même j’ai grandi sans père suite au divorce de mes parents et entre femme on se débrouille pas mal.  Depuis ma rencontre avec Adam je n’ai jamais écouté la chanson de Stromae de la même manière, Adam avait bien un père vivant là qui peut faire parti de son monde et pourtant il n’y ai pas accès sans l’autorisation de sa mère.  La question qui se pose alors c’est existe t-il un père sans mère ? si pour une femme il suffit d’avoir un enfant pour qu’elle deviennent mère pour le père par contre c’est la mère qui commence par lui faire une place pour qu’il puisse l’acquérir et en devenir maitre.  En reprenant l’expression de Dolto j’ai essayé de lui signifier que son fils « avait mal à son père » qui lui manquait aussi bien dans réalité que de son imaginaire  et que son agressivité dont elle se plaignait tant était une manifestation de ce manque , la mère d’Adam n’a rien voulu entendre et elle interrompt les séances en m’appelant un jour 10 minutes avant le rdv pour  me dire «  tout compte fait Mme je l’inscris au karaté pour qu’il libère son agressivité les séances ne nous aide pas tant que ça  «  je lui réponds qu’effectivement  un sport peut lui faire du bien mais qu’interrompre  ses séances par contre peut lui faire du mal  et qu’elle peut  être il faudrait lui demander ce qu’il en pense lui » et la avec un ton assez agressif elle me répond que c’est elle qui décide. Je l’avais bien compris elle a décidé de tout et comme elle l’a dit si bien «  Jebtou Wahdi ou bech nrabih wahdi ». Cet échange  date de 5 mois environ et je ne pense pas que j’entendrai parler d’elle et Adam restera à jamais condamné au silence de sa mère. Dans le film d’ALMODOVAL «  tout sur ma mère » le silence de la mère désigne un vide ; le vide du père qui envahit toute l’histoire des personnage ;  il n’y a que la mère qui a pu donner un père à son fils mais elle choisi le silence. Son silence comme un troue un vide qui transperce l’espace de la représentation, un silence radio qui fait gommer l’image du père de la psyché de son fils.  Pour François Marty (2003), le père c’est un nouage entre trois registres, qui assure la fonction paternelle, et qui donne au père sa consistance et son efficacité. 

❖ Le père imaginaire c’est celui qu’on rêve celui qu’on idéalise tout le monde a un qualificatif tout prêt pour parler de son papa ; papa poule , papa boudeur encore dictateur.  Le père imaginaire est le lieu de tous les fantasmes. 

❖ Le père symbolique c’est le père de l’oedipe freudien que Lacan a réinventé en le substituant par le signifiant « nom-du-père » ce signifiant vient selon Lacan métaphorisé le discours de la mère .  L’enfant vient alors repérer ce signifiant dans le discours de la mère ; et d’ailleurs on note dans la clinique souvenant que ce signifiant peu être supporter par un autre que le conjoint ,l’oncle par exemple ou le grand père maternel.  

→ Le père symbolique est le père que la mère nomme ; il est la métaphore du désir de la mère.  A la question cité précédemment existe t-il un père sans mère la réponse est non, vu que ce père ne peut exister que par l’intermédiaire de la mère qui le cite dans son discours et ainsi faire de le ce fameux tiers. 

Lacan a donné au  père symbolique le statut d’un signifiant qui est le nom-du-père. Selon lui , le père symbolique, fait prévaloir sa position d’ayant droit sur une femme interdite à ses enfants et vient médiatiser l’interdit de l’inceste  

« le père symbolique n’est autre que le père freudien de la horde primitive, c'est-à-dire un père mythique qui n’est qu’en tant qu’il est mort. »

❖ Le père Réel quant à lui c’est le géniteur,  qui a surtout  une relation amoureuse avec la mère c’est  pour Lacan l’agent de la castration, il est « plus précisément « l’agent » de la castration symbolique en tant qu’il permet le renoncement à la jouissance de l’objet originaire ».

C’est grâce à un processus imaginaire que le père réel peut être en position d’occuper sa fonction symbolique. En reprenant le cas de Adam cité tout au début ce n’est donc pas l’absence du père réel qui fait et fera bien des ravages mais  c’est bien l’absence du signifiant nom-du père dans le discours de la mère,  «kéyénou mouch mayjoud hata la7dith mana7kilouch alih… ». En nommant le père dans son discours la mère fera ainsi signifier à son enfant qu’il n’est pas le seul et l’unique objet de son désir à sa plus grande stupéfaction, et que oui elle désire bien ailleurs et  c’est la  substitution du nom-du-père au désir de la mère qui permet la production de sens → c’est cette opération symbolique où on substitue le signifiant «  désir de la mère » au «  nom-du père » que Lacan appelle la métaphore paternelle. 

Le père de l’oedipe sépare l’enfant de la mère en lui procurant un espace de liberté. Un espace de liberté que beaucoup d’enfant comme   Youssef 4 ans va en être privé jusqu'à l’intervention de père. Les parents de Youssef viennent me voir ; désespéré il refuse d’aller nul part sans sa mère ni jardin d’enfant ni au parc avec ses cousins ni même chez la mamie et la mère a du arrêter de travailler pour le  garder et pour reprendre ces mots «  wine mama wine éna akahaw ». A chaque séance les deux parents sont la. La  2ème séance, la mère raconte à quel point ils sont attachés elle et son fils. Elle parlait toujours avec un «  nous ». Ey moi de lui dire, : "nous, c’est monsieur et  vous n’est-ce-pas ?  Non, me répond-elle, « éna ou rou7i .. » (moi et mon âme). Youssef qui jouait à la pate a modeler sursaute et l’embrasse.

Ni Youssef était à sa place ni le mari n’est à la sienne. A la fin de la séance le  mari me demande si la séance suivante c’est possible qu’il viennent me voir sa femme et lui sans le petit Youssef. Une semaine plus tard je revois la maman et Saber le papa. j’ai hésité a cité leur nom mais tout au long de la séance les phrases qui se répétaient était les suivante «  éna saber alik inty ou weldek »  je suis patient avec  toi et ton fils. Et la mère complètement  désarçonnée sans son enfant «  vous comprenez Mme je n’arrive pas à me concentrer parce qu’il est chez ma mère et qu’ il doit paniquer tout seul »  j’essai de lui expliquer qu’il n’est pas seul et sa mamie s’occuperai bien de lui lle me dit la phrase qui va se répéter encore des séances « c’est mon enfant, je l’ai porté  9 mois je l’ai allaité deux ans et je le comprends mieux que personne "kima haja mélki éna  wahdi", ma propriété. La demande était formulé pour Youssef qui panique sans sa mère et que finalement la thérapie sera avec sa mère ( à sa demande) qui  panique sans lui. elle avait compris qu’elle avait besoin d’aide pour que son fils s’en sorte. 

Pour revenir un peu en amant , à la première séance le mari avait commencé par cette phrase qui était pour moi aussi révélatrice que  symptomatique de la place qu’occupe le petit Youssef et de celle du père qui  y semblait  dépossédé en regardant sa femme il lui dit ceci «  de tous tes ex de tous les petits copains qui t’on aimé (ou éna m3ahom) et moi avec c’est Youssef, c’est celui qui t’aime le plus et il a joute en me regardant ye3bedha 3béda » ( il la vénère). Youssef n’a aucun espace de liberté, une relation fusionnelle avec sa mère, le conduit à être dans un rapport imaginaire avec elle, pensant qu’il est son phallus. Ensuite avec la présence du père réel il commence à réaliser que le désir de la mère est aussi tourné vers un autre que lui et cela va lui permettre  la remise en question de son identification imaginaire à l’objet du désir de sa mère. Pou Joël Dor « cet autre qui possède le désir de la mère c’est donc ce père réel ( qui peut aussi être le travail aussi, ou un autre investissement de la mère ) qui est pout l’enfant celui qui est supposé détenir le phallus c’est qu’on appelle l’attribution phallique. La mère de Youssef avait renoncé à son travail et n’arrivait pas à être femme désireuse de son mari. Quand il me dit («  elle refuse de m’embrasser devant lui et elle ne m’appelle pas mon amour, etc. »)

Ce qui est important  à préciser ici ; que ce n’est pas grâce au père réel que la relation fusionnelle va prendre fin mais par le faite que l’enfant  va lui attribuer d’être en position du phallus, c’est a dire que l’enfant par un processus imaginaire comprend que le père réel déteint le phallus et donc devient en position de père symbolique. 

Mais pour que cette attribution phallique puisse avoir lieu il est indispensable que la mère introduise  dans son discours le nom du père.   Un nom-du-père qui dit Non aussi à la jouissance et à la toute puissance et au désir exclusif de l’enfant.  

Un père est donc celui qui permet à l’enfant d’échapper à une mère horriblement bonne l’empêchant de devenir sujet.  Dans le petit chaperon rouge « Bonne Maman » se révélait être aussi un  méchant loup dévorant , le personnage masculin du compte vient alors couper court aux dangers à venir.  Un père est donc celui qui limite  la fantasmagorie angoissante où aussi bien la mère que l’enfant  peuvent être dans une spirale dévoré dévorant. 

Lacan disait je cite «  le désir de la mère entraine toujours des dégâts, un grand crocodile dans la bouche duquel  vous êtes ;  c’est ça la mère. On ne se sait ce qui peut lui prendre tout d’un coup, de refermer son clapet. C’est ça le désir de la mère ». Malgré que sortir de la dyade fusionnelle ne peut s’opérer que grâce  à la présence du père, c’est  bien la mère qui peut autoriser ou pas l’émergence d’une triade.   Le père va agir en essayant de détourner l’enfant de son premier objet d’amour, il lui permet ainsi de renoncer aux satisfactions immédiates pour accéder à un plaisir ultérieur , en reprenant la métaphore de Lacan , le père serait donc le bâton placé dans la gueule du crocodile qu’est la mère pour l’empêcher d’engloutir son enfant . à l’image de Malika la maman de Youssef une mère toute puissante qui conjugue la maternité en terme de possessivité  et d’exclusivité en disant «  melki éna mté3i éna ».  une fusion qui la rassure et la narcisse mais qui est surtout anéantissant pour son enfant  il est donc indispensable que le père ait cette fonction absolument fondamentale d’intervenir et de s’inscrire en tiers pour littéralement sauver Youssef .

Pour Lacan et prenant l’exemple du petit Hans ce n’est pas le père qui est dangereux , il parle alors d’une mère toute puissante à l’image  de la mante religieuse et le père viendra en tiers comme empêcherai un désastre  « cette mère inassouvie, dit-il, autour de laquelle se construit toute la montée de l’enfant dans le chemin du narcissisme, c’est quelqu’un de réel, elle est là et comme tous les êtres inassouvis, elle est là, cherchant ce qu’elle va dévorer. Ce que l’enfant a trouvé lui-même autrefois pour écraser son assouvissement symbolique, il le retrouve devant lui possiblement comme la gueule ouverte. L’image projetée de la situation orale, nous la retrouvons aussi au niveau de la satisfaction sexuelle imaginaire. Le trou béant de la tête de Méduse est une figure dévorante que l’enfant rencontre comme issue possible dans cette recherche de la satisfaction de la mère. C’est un grand danger qui est précisément celui que nous révèlent nos fantasmes. Dans le fantasme "dévorer" nous le trouvons à l’origine, et nous le retrouvons à ce détour où il nous donne la forme essentielle sous laquelle se présente la phobie. »

Une maman vient me  consulter avec sa fille  y’a quelque mois en me disant ceci « «  j’ai tellement peur pour elle , qu’elle a finis par avoir peur de tout ». En effet à 8 ans la jeune Inès ne peut pas fermer les yeux la nuit sans que sa mère lui tienne la main.

En parlant avec  la mère, cette dernière me confie se sentant coupable parce que c’est elle qui a tellement peur pour sa fille qu’elle lui a transmis ces peurs. Elle me raconte alors  qu’elle peut  rester au moins une heure à tourner en voiture aux allons tour  de l ‘école «  au cas ou , elle est pas bien ou elle a bien digérer son petit dej »  précise t-elle  quand elle la raccompagne à l’équitation elle ne la quitte pas des yeux par peur qu’elle tombe, je gêne même le moniteur ajout-elle.  Aux anniversaires ou avec ses copines elle est toujours la maman avec son appareil photos pour faire des selfies avec sa fille. Elle me rajoute après qu’elle adore lui faire des bisous avec un bisous après chaque photo .. bref un tas de détails comme ça dont la mère me parle en pleurant .. «  j’aimerai tant me séparer mais j’y arrive pas toute seule »  eh oui toute seule c’est pas possible ! le papa a refait sa vie après un divorce à l’amiable comme elle dit, mais après porté disparu ; elle entends plus parler de lui, il vit aux états unis aux dernières nouvelles. Comment peut-on se séparer sans un tiers ! L’histoire d’Inès et sa mère collées l’une à l’autre m’avait  rappeler un texte chanté par Clarika qui est  une chanteuse française, ceci «  lâche-moi , allez va s’y lâche moi mon amour, plus tu partira plus tu sera heureuse un jour »  et il est vrai qu’aussi bien la mère comme la fille sont toutes les deux prises dans un tourbillon qui les colles l’un à l’autre ; un amour qui fige qui glace et qui bloque l’épuisement de chacune d’elles, Clarika à l’instar de la mère d’Inès supplie sa fille de partir mais la retiens en même  temps et la fille qui n’arrive pas à partie attendant une bénédiction. Dans le lâche moi il y’a une impression d’être collé peau contre peau … Inès ne dors pas sans avoir touché sa mère .. et la mère qui n’arrive pas à faire autrement. On venant demander de l’aide , la mère d’Inès chercherai t-elle ce tiers qui manque et qui pourrai décoller et séparer cette dyade fusionnelle pour en faire deux entitésdistincte. 

Le père  serait-il donc un barrage contre une colonisation totalitaire d’une mère ? La fonction paternelle serait-elle la chose qui empêcherai une folie ordinaire de devenir une folie dangereuse ? Winnicott a  parlé de la préoccupation maternelle primaire qui l’a qualifié de folie normale ,Bydlowski lui parlerai de transparence psychique. pour identifier ses besoin et bien prendre soin du bébé la mère serait donc dans une forme d’identification régressive. Cette folie dite normale à cette période se traduirait selon Winnicott par un état de repli, de dissociation schizoïde qui va lui permettre de vouer  entièrement et exclusivement à son bébé  et ainsi s’identifier  à lui. une identification folle, qui donne des résultats quasi fous aussi , où la connexion est surhumaine comme un sorte un cordon ambilocal psychique. Pour Winnicott l’enjeu fondamental pour l’enfant à ce stade n’est pas d’être avec ni même d’être dans, mais d’être. 

Dans le film italien Hungry Hearts qui parle du parcours d’un jeune couple Mina et Jude devenu parent  où la jeune mèrebascule d’une préoccupation maternelle normale au sens winicottien à une préoccupation mortifère. dès la première scène qui oscille entre le tragique et le comique  où les deux personnages se trouvent bloqué dans les WC d’un restaurant. le réalisateur nous mets dans un du huis clos, un enfermement imposé , cloitré dans un espace  étriqué et minuscule avec des limites qui  sont posés . ce huit clos physique  va être le fil rouge tout au long du film, qui va se transformer en  un huit clos psychique.  

A l’annonce de sa grossesse, Mina va être bousculer dans  sa vie psychique.  On a beau dire qu’on attends un heureux événement, mais la grosses chamboule pas mal de repères dans la vie femme, la grossesse est un moment de crise psychique, maturative, qui vient bousculer l'identité du sujet en questionnant son passé et l'assignant à une nouvelle place. Monique Bydlowski parle de transparence psychique pour décrire cet état psychique propre à la grossesse, qui serait un moment de vulnérabilité où les défenses psychique ne sont plus aussi opérationnelles et où la mère opère un repli sur soi.en parlant de  "préoccupation maternelle primaire" Winnicott avait bien parlé de "folie normale" bien qu’elle est normale elle reste quand même une folie ; cet état  dissociatif , qui s'installe au cours de la grossesse et qui se poursuit bien après.  Mina développe ainsi une extrême sensibilité, qui la rend capable de décoder les signaux de son bébé et s’adapter à lui. Jude le père n’avait pas trop le droit de porter ou de s’occuper du bébé mais soutenais sa femme dans ce rôle qui semblait l’envahir. 

Pour Mina, cette première grossesse non désirée, dans une ville où elle est était étrangère, va remettre en questions ses projets personnels et professionnels et prendre un tournant pathologique , réveillant elle des failles bien anciennes. En effet dans le cas de Mina cette folie maternelle a cesser d’être normale pour devenir pathologique, Mina est passé d’une identification normale et indispensable du début à une identification folle à son bébé la faisant déposséder de son moi au profit de cet objet narcissiquement surinvestit.   Mina va être en  fusion telle avec son enfant,  qui l’amène à une rupture avec la réalité .  on est dans une dynamique psychotique où le père n’existe plus pour elle , Mina a une vision très clivée du monde, soit Jude le mari adhère à son délire soit il  est contre elle, menaçant et persécutant , tout est interprété comme une menace extérieure pour son enfant . Elleest la  seule a savoir ce qui est bon pour lui afin de le protéger. Basculant dans le déni des besoins de son enfant celui ci se trouve alors avec  une dénutrition dangereuse retard de développement assez conséquent.  Pourquoi je vous parle de ce film alors qu’on est sensé parlé de la fonction paternelle ? parce que sans l’intervention de Jude le papa le bébé  n’aurait pas survécu à cet investissement mortifère . Mina a refusé de le faire soritir a 8 mois il n’a jamais vu le jour.. elle le nourrissait de huiles essentielles et d’avocat et tout autres aliments pouvait salir son corps. Le père ici vent sauver son enfant de cette emprise  en l’emmenant manger discrètementdans une église en essayant de le faire sortir pour aller au pédiatre en cachette. En étant ce tiers  dont il a tant besoin, à l’image de la métaphore de Lacan   de la mère crocodile qui dévorait son enfant ; Jude était justement ici le bâton à l’intérieur de la  Gueule du crocodile empêchant le clapet de se renfermer sur le bébé.  Jude décidera à la fin de demander de l’aide   pour partir er sauver le peau de son fils et la sienne. 

Un père est ce tiers qui dé-fusionne et qui sépare permettant ainsi à l’enfant de devenir un sujet désirant autre chose que sa mère.  Même avec cette préoccupation maternelle primaire qu’il ne laisse semble t-il pas de place au père , il est important je pense  qu’il soit acteur et pas observateur , des les premières mois il introduit cette différence qui fera tiers ,  le bébé s’aperçoit qu’il ne le porte pas de la même manière qu’il n’a pas la même odeur la même voix, la même texture de peau et cette différence qui est ressentit par le bébé l’aidera à se dé fusionner. Jude l’a fait au début, le père doit soutenir la mère dans la fonction maternelle tout en détournant un peu son regard pour qu’il ne soit exclusif et totalitaire  sur le bébé. Winnicott parle d’une fonction de contenance de  cette dyade mère enfant , gratifiant la mère et protégeant l’enfant. Pour Jude en effet  son rôle était comme  séparateur et réparateur et aussi sauveur vu que la folie normale de mina a basculer vers le délire.   

Un père est donc aussi celui fait barrage à la folie maternelle, il est ce remède qui dompte le mal-de-mère, et son désir dévorant d’une mère excessivement bonne. 

Kenza, 38 ans vient me voir pour parler disait-elle «  j’ai personne a qui parler donc je veux payer une personne pour m’écouter ». C’était une sacrée entrée de jeu..  après petit à petit la vrai demandai arriva et elle était incapable d’avoir des enfants, terrifier d’être comme sa mère. En séance elle ne parlait pas d’elle, ni  en disant maman ni  son prénom elle l’appelait  « la folle étrangère ».  En effet, sa  mère  souffrait d’une dépendance à l’alcool et mélangeait des psychotrope, et internée à plusieurs reprise pour tentatives de suicide. En parlant une fois de son père, elle m’a dit cette métaphore  tellement réel  tellement imagée et si significative elle me dit «  me père était  comme les  roches au bord de la mer , l’été ça nous faisait chier parce qu’on préfère avoir du sable pour jouer avec mais l’hiver quand la mère est agitée et qu’elle peut nous envahir si on s’approchait trop prêt le Gros roches est là nous permettre ainsi de s’en rapprocher sans en prendre plein la gueule sans risquer de se noyer  , mon père c’est ce gros roches ». Les seules  souvenirs que  Kenza garde de sa mère c’est sa bouteille de rhum et  la chaine national allemande et son regard vide et des mains froide ; elle était  presque inanimée   me dit-elle  et à la maison tout le monde était comme figé , on jouait mon frère et sans faire de bruit ; et quand mon père sonne à la porte c’était la vie qui reprenait.  Le père de Kenza a demandé le divorce et eu la garde de enfants.  Que serait-elle devenu dans ce roches qui était la pour faire barrage contre la folie de sa mère.   Aujourdhui Kenza reprend ses études et commence à apprendre l’allemand ; cette langue maternelle qui a été si  étrangère  pour elle, maintenant elle se sent prête. L’histoire de Kenza m’avait renvoyer à l’histoire de Marguerite Duras et sa mère ambivalente qui a plus de folie que de raison ; dans Barrage contre le pacifique Duras écrivait : « La mer monta encore. Alors elle dut se rendre à la réalité : sa concession était incultivable. Elle était annuellement envahie par la mer. Il est vrai que la mer ne montait pas à la même hauteur chaque année. Mais elle montait toujours suffisamment pour brûler tout, directement ou par infiltration. Exception faite des cinq hectares qui donnaient sur la piste, et au milieu desquels elle avait fait bâtir son bungalow, elle avait jeté ses économies de dix ans dans les vagues du Pacifique.»  Une fois encore la folie de mère est métaphorisé par la mère-nature une toute puissante qui provoquer aussi bien une vague donnant le vertige à un tsunami donnant la mort.

La fonction séparatrice du père serait donc une fonction salvatrice.  Selon Lacan c’est au père de venir mettre un  terme à la relation fusionnelle que la mère entretien avec son bébé faute de quoi cette relation mère enfant ne serai  plus bénéfique mais dangereuse en 1946 Lacan déclare «  le père est comme une Personne qui domine et arbitre le déchirement avide et l’ambivalence jalouse qui fondaient les relations de l’enfant avec la mère et avec le rival fraternel » le père n’est donc pas qu’un père géniteur c’est un tiers de la parole qui vient emmener l’enfant au monde symbolique et le faire sortir de la symbiose archaïque de la fusion.  

Cependant il arrive que ce mal-de-mère gagne du  terrain  empêchant l’émergence  de la métaphore paternelle qui par la suite empêcherai l’accès au nom-du père et au  monde symbolique c’est ce que Lacan nome La forclusion du nom-du-père  et qui  à l’origine de la structure psychotique. Le Terme forclusion implique  l’idée d’une abrogation symbolique comme une abolition d’un signifiant maitre et c’est ce qui met selon Lacan L’enfant dans la psychose, Il reste alors emprisonné dans les bras de sa mère  dans l’illusion d’être son seule et unique phallus. Dans son ouvrage fonction paternelle Joël Dor , avance que ce processus psychotique peut se mettre en place dès la grossesse au moment de l’investissement maternel, un sujet psychotique n’aurait pas été investit comme un être  indépendant d’elle.  Pour lui le deuil physiologique lié à la séparation du corps de la mère et de celui de l’enfant au moment de la naissance ne pourrait pas se mettre en place et la relation mère enfant demeura fusionnelle ; Pour Joël Dor  quand on est dans la psychose , « La fonction paternelle est destituée d’avance dans la mesure où la relation fusionnelle mère- enfant en neutralise toute  possibilité d’insertion »,  Il est en effet essentiel que la mère introduise le père en le nommant à l’enfant. Si ce n’est pas le cas, celui-ci ne peut venir médiatiser la relation mère- enfant.   En parlant des mère schizophrènes Searls  déclare qu’elle se caractérise par une possessivité étouffante de l’individualité »

La question qui de pose c’est pourquoi un père se laisserait destituer de sa fonction  symbolique qu’il le seul à pouvoir représenter, il est vrai que c’est la mère qui doit laisser la place au père réel afin qu’il puisse être  en mesure d’effectuer sa fonction symbolique. Mais il faut aussi et surtout que ce père désire prendre cette place. Quand est - il alors quand y’a pas un père réel ?  Pour Joël Dor, la fonction de médiatisation de la relation entre la mère et l’enfant occupée par le père symbolique ne nécessite pas forcement l’existence d’un père réel : « Le père symbolique ayant pour tout statut une existence signifiante, ce signifiant Nom-du-Père peut donc toujours être potentiellement présentifié comme instance médiatrice en l’absence de père réel. » Il suffit qu’il le soit dans le discours de la mère de telle sorte que l’enfant puisse entendre que le désir de la mère s’y trouve lui-même référé – ou à l’extrême limite l’a été au moins pendant un certain temps, et d’ailleurs pour  Lacan aussi  l’ Œdipe peut très bien se constituer quand bien même le père n’ est pas là dit-il. 

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