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Infertilité psychique.

19 Novembre 2019 , Rédigé par APFEC Publié dans #Nos publications

Yasmine Belhassen, psychologue, psychanalyste. Journée d'études de l'AFPEC - 15 Juin 2019.

Le corps est un vécu, des sensations, des ressentis.

C’est une palpitation, une tension, une pulsion, c’est la sensation d’avoir le souffle coupé,

Une douleur et une jouissance.

Une bouffé de chaleur et une chair de poule.

 C’est avoir la peur au ventre et la gorge nouée.

C’est aussi un bleu au genou droit et un œil au beurre noir.

Notre corps est l’histoire qu’on raconte, celle que l’on vit dans le réel, quand on se cogne l’orteil et celle qu’on imagine quand on a peur de quelque chose et que notre cœur s’emballe.

Ce sont aussi des signifiants et un héritage ; Freud disait que le Moi est avant tout un moi corporel et ce moi ne peut se faire sans l’autre, et sans le corps de l’autre. C’est ce qu’il nous renvoie comme image devant la glace et aussi l’image qu’on renvoie aux autres.

L’histoire de notre corps c’est l’histoire d’un corps qu’on possède, qu’on croit posséder et qu’on ne possédera jamais car il nous échappera de temps en temps.

Jacques-Alain Miller disait que parfois le partenaire essentiel, c’est le corps, le corps qui n’en fait qu’à sa tête[1].

Le corps que j’ai choisi d’interroger aujourd’hui c’est le corps de ces femmes qui viennent consulter parce que leur corps n’en fait à sa tête. Ces femmes viennent raconter leur douleur de ne pas pouvoir donner la vie.

Au début, la demande va être soit de trouver une réponse ailleurs que dans la médecine, soit la dépression suite aux séries d’échec des méthodes de procréations médicalement assistées.

Il ya aussi celles qui sont orientées par leurs gynécos (une patiente m’appelle un jour pour prendre RDV et au téléphone elle me dit « mon gynéco m’a conseillé de venir vous voir pour me calmer parce que selon lui je suis tellement stressée pendant la FIV que ça ne tient pas). Donc des fois, la demande c’est de « se calmer » Mais ce que j’entends surtout, c’est de calmer le jeu, calmer l’acharnement et se poser un peu pour comprendre, ce qui se passe et ce qu’il peut y avoir derrière ce symptôme. Pourquoi cette femme qui n’a aucune anomalie aucun problème ne peut pas tomber enceinte.

Ce corps qui refuse de coopérer et qui mets la médecine glorieuse et savante devant un échec et surtout une énigme. Pourquoi ça ne marche pas alors que tout fonctionne.

Le problème de l’infertilité est un problème contemporain qui ne cesse de s’accroître. Paradoxalement, les méthodes de contraception (pilules, stérilet ou autres) ont été révolutionnaires et ont permis une libération de la sexualité féminine et aussi elles ont permis de dire qu’un enfant est désiré ou pas, attendu ou pas attendu. Cela a permis de contrôler ou du moins d’avoir l’impression qu’on contrôle son corps.

Donc la médecine a pu « stériliser » momentanément le corps des femmes avec la contraception et elle pense pouvoir les fertiliser quand elle le décide ; sauf que ça ne se passe pas toujours de la sorte.

Le « j’ai un enfant, quand je veux » est remis en question, puisque on envisage le corps d’une femme comme une machine à fabriquer des bébés et on écarte le père de l’équation ; il ne devient qu’un donneur de sperme, et la rencontre sexuelle se trouve alors biaisée.

Marie-Magdeleine Chatel dans Malaise dans la procréation dit « l’homme réduit au sperme, son désir sexuel s’est trouvé écarté de la cause procréatrice, coupé de ses conséquences potentielles dans la filiation, or c’est ce don de symbole par le sexe qui est le ressort essentiel et vivace de la survenue d’une grossesse. [2]

Mettre un enfant au monde c’est devenir mère, et c’est pour ce fameux statut tellement sacralisé, qu’elles sont prêtes à tout subir ; cœlioscopie, piqûres, ponctions, spéculum, toutes sortes de manipulations pour voir cette boite noire, ce qu’il y a à l’intérieur, et pourquoi ça ne fonctionne pas ; elles acceptent d’être traitées comme un morceau de chair à réparer, mais par contre, parler de leur inconscient, cela les effraie.

Marie Magdeleine Chatel dans son ouvrage situe la fertilité dans la façon dont le corps est animé par le langage du désir inconscient. Il s’agira d’une zone mouvante et plastique de la subjectivité, une zone influençable ; il y a de l’infécondité quand quelques éléments de l’édifice complexe du vœu d’enfant se trouvent désarticulé des autres éléments.[3]

 

Dans les vécus de femmes qui me racontent leur histoire avec la PMA, on entend souvent cet acharnement des médecins qui ignorent complètement la question du désir, et pour qui avoir un enfant et enfanter devient un devoir, une obligation sourde et aveugle.

Ces femmes qui se trouvent dans le processus de cette médecine de la procréation offrent leur corps à la médecine qui les traitent comme « pure corps » et conçoit leur fécondité « hors corps » ; ces femmes sont prêtes à tout pour devenir mère encore faut-il qu’elles le désirent ?

Elles sont prêtes à faire don de leur corps à la médecine et au désir du médecin.

Quand elles viennent voir un psychanalyste cela va être une sorte de bouleversement de cet agencement ; et cela en les interrogeant sur leur désir, leur histoire, leur vécu, et essayer de les amener à déceler les verrous et les nœuds qui ont pu se former à leur insu.

Elles sont prises dans le réel d’un bout de corps à réparer et quel que soit le prix à payer, elles sont prêtes à tout. Pour avoir cet enfant ou encore ce phallus.

Quand je reçois une femme en mal d’enfant, la vraie question n’est pas si l’insémination ou la FIV ont bien marché ou pas, mais plutôt ce qui se cache derrière l’énigme de ce corps féminin et sur cet éventuel devenir mère. Sachant que je parle bien de ce cas que j’ai nommé infertilité psychique, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune anomalie organique.

J’ai reçu une femme il y a une année, qui est venu me voir deux fois.

Elle avait 25 ans, jeune mariée, et pourtant elle avait déjà fait trois inséminations qui ont échouée. Suite à une certaine pression sociale sur la valeur et le statut de la mère dans nos sociétés, elle s’est trouvé piégée par cet idéal ! Comme si la femme ne peut s’accomplir dans l’être femme que s’il elle devient mère. La grossesse et la maternité sont présentées comme un atout majeur de l’accomplissement féminin, faisant parti de la panoplie d’avoir un bon salaire une jolie voiture et un statut social.

Cette jeune femme que j’appellerai Sarah, arrive complètement effondrée, à peine son sac posé par terre qu’elle éclate en sanglots en disant : « vous imaginez je n’arrive pas à donner un enfant à mon mari », ma cousine s’est mariée après moi et elle est enceinte de jumeaux … » elle parlait comme si elle était en manque de quelque choses de très précieux.

Je voyais bien qu’elle pleurait son manque mais de quel manque s’agit-il ?

Je lui ai posé une seule question « pourquoi vous vous voulez avoir un enfant ?». Et là, ce fut le silence. Elle arrête de pleurer, elle se reprend et me répond complètement étonnée par ma question : « Ah bon howa famma chkoun may7ébech ? ça existe qu’on ait le droit ne pas vouloir en avoir ? »

De tous les médecins qu’elle a vus, personne ne lui a posé cette question « veux-tu avoir un enfant ? ». Je la revois une deuxième et une dernière fois. Elle me dit qu’elle a bien réfléchi et que tout compte fait elle voulait profiter encore de sa vie : elle avait 25 ans et elle n’était pas prête à s’engager dans une maternité.

Lacan disait dans les Écrits « le désir s’ébauche dans la marge ou la demande se déchire du besoin ».

Quand je reçois une femme avec le symptôme d’un corps qui refuse de coopérer, la première chose à à faire c’est de l’amener à réfléchir sur la différence entre besoin d’avoir un enfant, envie et désir d’en avoir.  

Dans le Cogères de Rome « la troisième », Lacan explique que quand il y’a une « maladie » le corps se trouve à être réellement attaqué c’est-à-dire qu’on parle d’un « symptômes, qui ne cesse pas de s’écrire du réel » et il propose de l’« apprivoiser jusqu’au point où le langage puisse en faire l’équivoque »[4]

Les femmes qui s’engagent dans le parcours long et coûteux de la PMA avancent comme un cheval de courses, les yeux fermés obéissant à cette science qu’elles pensent miraculeuse et qui va réaliser nécessairement leur vœu de procréation.

Le corps médical a malheureusement tendance à démarrer vite dans cette course, et il arrive souvent que c’est le désir du médecin qui prime.

De nombreuses patientes me rapportent ce que leur médecin leur disent : « on va l’avoir cet enfant », ou « celle-là est ratée, allez on en programme une autre ».  

Loin de moi de faire le procès des gynécos, d’ailleurs ce sont eux qui orientent leurs patientes vers les psys mais à une étape bien ultérieure, alors que la première étape de la demande d’une femme qui vient consulter pour infertilité, cette première étape de la demande doit être entendue et écoutée autrement.

Un médecin gynécologue voit le corps d’une femme qui vient le consulter comme un organisme qui est régi par des lois anatomiques et physiologiques. Alors que ce corps qui vient avec son symptôme chez le médecin, c’est un corps libidinal fait pour jouir comme dit Lacan et surtout il est marqué par le signifiant, ce corps-là parle ; encore faut-il l’écouter.

La différence entre un médecin et un psychanalyste c’est qu’un médecin écoute le symptôme uniquement, le psychanalyste écoutera le corps qui porte ce symptôme.

Dans une conférence donnée à l’hôpital de la Salpêtrière en 1966 instituée : « la place de la psychanalyse dans la médecine » Lacan parle du médecin qui est requis comme un agent distributeur de médicaments dit-il, mais aussi d’une distribution de la vie. Lacan pose une question fondamentale dans cette conférence : « où est la limite dans laquelle le médecin doit agir et à qui doit-il répondre ? à quelque chose qui s’appelle la demande, une demande qui dépasse parfois la demande de guérison mais une demande d’être authentifié comme malade, le préservant ainsi dans sa maladie. Le médecin doit donc se pencher sur la signification de la demande c’est-à-dire sur la faille dit-il qui existe entre le désir et la demande »[5] Dans cette même conférence il dit plus loin, je le cite « il y a un désir, parce qu’il y a un de l’inconscient, c’est-à-dire du langage qui échappe au sujet dans sa structure et ses effets, et qu’il y a toujours au niveau du langage quelque chose qui est au-delà de la science, et c’est là que peut se situer la fonction du désir » [6]

 

Une autre femme que j’appellerai Lina. 35 ans, chef d’entreprise, elle lance sa propre marque de vêtements, mariée à un homme d’affaires, elle décrit un mariage parfait, un couple parfait. Elle me dit :

  • Quand on nous voit, on ressemble au couple qu’on voit sur les photos des cadres qu’on achète à carrefour.
  •   Je lui réponds : « derrière le cadre, il y a quoi ?»
  •  Un silence me dit-elle, une maison bien rangée et sans enfants, c’est figé comme la photo standard du cadre »

Lina parle de ses FIV qui n’ont pas abouti, il y a un certain détachement dans son discours.

 En creusant davantage, il s’est avéré qu’elle avait peur d’avoir un enfant, elle avait peur de tomber enceinte. Elle était tétanisée. Mais qu’est-ce qui lui faisait autant peur ?

On me dit qu’être mère c’est extraordinaire me dit-elle, que je vais être tellement comblée que même mon travail ou mon mari ne vont plus être aussi importants ? Sa belle-mère lui disait qu’une fois enceinte, elle se sentirait comme remplie de l’intérieur et qu’elle serait comblée comme jamais.

Lina avait justement peur d’être comblée ; elle avait peur de ne plus manquer et l’angoisse comme disait Lacan c’est le manque du manque. Jean Reboul, un gynécologue et psychanalyste parle d’un vide essentiel qui appartient aux femmes et qui doit rester là pour pouvoir enfanter.

Lina avait peur d’avoir tout, un tout qui peut ouvrir la porte d’une angoisse terrifiante. Comme si la résistance de son corps était en fin de compte une tentative de la préserver de quelque chose qui pouvait la menacer.

Catherine Vacher-Vitasse gynécologue et psychanalyste dans « L’énigme du corps féminin et désir d’enfant » explique que, comme la femme est manquante par essence, elle pourra se positionner par rapport à ce manque qui est le manque du phallique du côté de l’avoir ou du côté de l’être. C’est dans ce manque qu’elle mettra en scène son désir, et l’enfant peut en faire partie[7].

Aujourd’hui Lina attend, son premier enfant, elle est enceinte de 7 mois.

 

Une autre rencontre qui m’a marquée aussi est Sabrine, une belle femme de 30 ans. Elle a épousé son amour de toujours qu’elle connaissait depuis le lycée. « Je rêve de construire une famille me dit-elle avec l’homme que j’aime, celui j’ai choisi, je rêve d’avoir deux enfants un garçon et une fille. Aujourd’hui j’ai réussi à avoir la maison que je veux, j’ai un petit chien ; il me manque deux enfants et mon rêve sera réalisé. » C’est ainsi, que Sabrine s’est présentée lors des premiers entretiens.

Malgré ses trente ans Sabrine est restée très petite fille, un visage juvénile ; ce qui est étrange c’est qu’elle a un corps de femme, un visage et une voix de petite fille. Elle est dans une sorte d’intemporalité.

Elle a tout essayé sans succès ; elle avait fait deux fausse couche et une grossesse arrêtée au 3ème mois. « J’ai perdu trois enfants me dit-elle, je suis déjà mère. J’en ai eu trois mais ils ne sont pas restés. »

Il y avait un travail de deuil à faire avant d’envisager une autre tentative. Quand elle est venue me voir elle avait décidé d’arrêter le processus de la PMA, « kén rabi 7ab to njibou sghir, Si Dieu le veut, je tomberai enceinte et j’aurai un enfant ».

Dans l’histoire de cette femme, il y a beaucoup de deuils resté figés ; elle a perdu sa mère quand elle avait 10 ans, puis sa tante qui l’a élevée une année après son mariage.

 Faire un enfant, le désir de maternité c’est une question qui touche à l’énigme des origines, à la vie et aussi à la mort. Socrate, dans le Banquet de Platon, disait : « la procréation vise la part d’immortel dans les vivants mortels ».

La question de la mort entre en jeu quand on parle de procréation, puisqu’on va donner la vie à un enfant mortel. On se rend compte aussi qu’on n’est pas immortel, ça nous classe dans une autre génération. Je me rappelle, d’une femme qui me disait « j’ai peur de devenir vieille en devenant mère. ».

 

 Je vais maintenant essayer de vous emmener dans un monde fantastique, le fabuleux mythe « Victor Frankenstein » écrit par par Mary Shelley.

Ce personnage avait réuni des morceaux de cadavres et avait insufflé la vie dans ce corps composite : il avait essayé de faire du vivant avec la mort.

Mary Shelley, avant d’écrire ce mythe, avait perdu un enfant. Peut-on parler de donner la vie sans parler du mystère de la vie et de la mort ? Mary Shelley a écrit ce mythe fantastique pour rendre compte des aller-retours qui existent de la mort à la vie et de la vie à la mort. Dans cette légende cette figure mi-morte mi-vivante que Frankenstein a construite s’est révélée être une figure destructrice. Il a suggéré donc à son créateur de lui trouver une femme pour qu’il s’adoucisse, chose que Frankenstein a refusée par peur que ce couple de morts-vivant ne donnent la vie à un être mortifère.

On revient à Sabrine, les deuils vécus, celui de sa mère puis, celui de sa tante ; son besoin vital d’avoir un enfant n’a-t-il pas une tentative de réparation et de combler ces deuils sans les traiter ? Karl Abraham avait parlé dès 1924, d’un mécanisme qu’il a nommé le deuil manique, responsable de grossesse. Il y aurait comme un besoin d’enfants dans ces moment-là de grande dépression et d’isolement. L’enfant qu’on attend, devient le substitut absolu de l’objet perdu, l’acharnement pour avoir un enfant aura pour unique but de réparer et de tout combler.  

En parlant de son projet d’enfant, Sabrine évoquait toujours le prénom qu’elle avait déjà choisi pour sa future fille, et qui n’était autre que celui sa mère « c’est pour lui rendre hommage » me disait-elle.

Lacan disait dans « Subversion du sujet et dialectique du désir » : « .. Car, il ne suffit pas d’en décider par son effet ; la mort, il s’agit encore de savoir quelle mort, celle que porte la vie ou celle qui la porte »[8]

La dimension de la mort est présente dans le discours de beaucoup de femmes, quelles souffrent d’infertilité au pas. On entend souvent des femmes dire avoir peur de faire une fausse couche, de porter un enfant malformé, ou de mettre au monde un enfant mort, ou encore que l’accouchement se passe mal.

Y a-t-il une pulsion de vie sans pulsion de mort ? Le discours de femmes souffrant d’infertilité est hanté par les souvenirs et les fantômes des enfants morts lors de fausses couches ou bien lors d’IVG quand elles étaient plus jeunes.

 

Selon Lacan « pour que procréer ait son plein sens, il faut encore, chez les deux sexes, qu’il y ait appréhension, relation à l’expérience de la mort qui donne son plein sens au terme de procréer ».

L’infertilité renvoyant à une procréation impossible, est liée forcément à la mort ; on ne peut pas ne pas penser à la mort pour ces femmes-là en difficulté de donner la vie !

 René Frydman dans son ouvrage « L’irrésistible désir de naissance » disait qu’une naissance de plus est une mort en moins[9].

Avoir un enfant pour ces femmes qui s’acharnent, qui font une FIV après l’autre, avançant comme un cheval de courses sans se poser de question, devient pour elles, une question de vie ou de mort.

Cette naissance de plus pour une mort en moins est comme une tentative de remplacement d’une mort ou encore un fantasme d’immortalité. D’après Marie-Magdeleine Chatel la logique binaire imposée par la PMA entre l’âme et le corps entre servir la demande d’enfant et manipulation des substances hors-corps fait taire toute tentative de parole. Alors que, en refusant de coopérer, ce corps dit bien une parole qui faut entendre.

 

Si on envisage ce blocage du corps donnant lieu à une infertilité inexpliquée comme un symptôme, il faut donc l’écouter.

Chez Lacan, le symptôme occupe précisément la même place que celle où Freud inscrit la pulsion et la jouissance phallique. Il articule le rapport de l’inconscient au corps. C’est pourquoi la formule du symptôme chez Lacan est de l’ordre du réel. La pulsion est la seule force constante des symptômes, et là où le symptôme s’articule au pulsionnel, il module une forme de satisfaction énigmatique.

Dans le Sinthome Lacan écrit « … les pulsions, c’est l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire. Mais que ce dire, pour qu’il résonne, pour qu’il consonne, (..) pour qu’il consonne, il faut que le corps y soit sensible. Et qu’il l’est, c’est un fait  »[10]

 

Dans les « Quatre concepts fondamentaux » Lacan dit « la distinction entre pulsion de vie et pulsion de mort est vraie, pour autant qu’elle manifeste deux aspects de la pulsion ; mais c’est à condition de concevoir que toutes les pulsion sexuelles s’articulent au niveau des signifiants dans l’inconscient, pour autant que, ce qu’elles font surgir c’est la mort ; la mort comme signifiant et rien que comme signifiant » [11]. Ici bien entendu on ne parle pas de la mort naturelle mais de la mort qui est liée au vivant et qui tient au signifiant.

Pour Lacan, il y a la vraie mort celle qui ôte la vie, et ce n’est pas de celle-là qu’il s’agit mais plutôt de ce qui l’a appelé lui la seconde mort, c’est le manque à être signifiant du sujet.

Pour Freud, la notion de pulsion c’est « un concept limite entre le psychique et le somatique comme représentant psychique des excitations, issue de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme une mesure de l’exigence de travail qui est imposée au psychique en conséquence de la liaison au corporel »[12]

Pour Lacan ce concept de pulsion connecte le corps qui jouit au signifiant. Dans « Le Sinthome », Lacan traite la pulsion de mort dans le registre du réel « la pulsion de mort, c’est le réel en tant qu’il ne peut être pensé que comme impossible » [13]

 

Cette approche du réel du corps en terme de pulsion et de jouissance c’est ce que l’on observe dans les parcours des PMA, dans ce processus teinté d’espoir, d’espérance mais aussi de désespoir, d’attente et d’échecs où la mort est présente, celle que porte la vie ; Et la pulsion de mort émerge, surprend, bouscule et encercle ces femmes qui se débattent pour donner la vie à tout prix.

Sabrine, cette femme qui a fait trois fausses couches, me dit un jour : « je déteste mon corps, c’est une tombe, il ne donne pas la vie. Pourquoi ? vais-je l’aimer, c’est une tombe ».

 

Pour conclure je vais vous lire un petit extrait d’un texte que Duras avait publié en 1976, un texte très rude, nu et sans filtre où elle parle de son vécu après la mort de son enfant. Elle avait mis au monde un enfant qui est mort une heure après l’accouchement.

« L'enfant était sorti. Nous n'étions plus ensemble. Il était mort d'une mort séparée. Il y avait une heure, un jour, huit jours, mort à part, mort à une vie que nous avions vécue de neuf mois ensemble et qu'il venait de mourir séparément. Allongé sur le dos, la peau de mon ventre me collait au dos tellement j’étais vide. Mon ventre était retombé lourdement, floc, sur lui-même, comme un chiffon usé, une loque, un drap mortuaire, une dalle, une porte, un néant que ce ventre. »

Pour finir voici une citation de Edmond Jabès, poète français d’origine égyptienne :  

« Chaque pulsion de mon corps est trace enregistrée, comptée. La fièvre – l’amour, la douleur, le délire – multiplie la trace. La trace est liée à l’être, à l’essence, comme au vide dont elle pourrait être la sonorité ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Jacques-Alain Miller, la théorie du partenaire.

[2] Chatel Marie-Magdeleine, « malaise dans la procréation », les femmes et la médecine de l’enfantement, Albin Michel 1993, P.70.

[3] Ibid, P.107.

[4] J. Lacan, La troisième, intervention au Congrès de Rome, novembre 1974,

[5] Lacan J. « la place de la psychanalyse dans la médecine »1966, in Aubry psychanalyse des enfants séparés, paris, Denoël 2003. P 301 et P 302.

[6] Ibid.,p.305.

[7] C,Vacher-Vitasse, « Énigmes su corps féminin et désir d’enfant, » Champs social, 2018, P.87.

[8] J. Lacan « subversion du sujet et dialectique du désir » Ecrits, p 810 .

[9] R. Frydman, l’irrésistible désir de naissance, p220 .

[10] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XXIII, Le sinthome, séance du 18 novembre 1975.)

[11] J. Lacan, séminaire, les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, P23.

[12] S. Freud Métapsychologie, pulsion et destin de pulsion

[13] J. Lacan, Le Séminaire, Livre XXIII, Le sinthome p125

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N
Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultat. Le grand maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines suivants<br /> <br /> Retour de l'être aimé<br /> Retour d'affection en 7jours<br /> réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires<br /> Devenir star<br /> Gagner aux jeux de hasard<br /> Avoir la promotion au travail<br /> Envoûtements<br /> Affaire, crise conjugale<br /> Dés-envoûtement<br /> Protection contre les esprits maléfices<br /> Protection contre les mauvais sorts<br /> Chance au boulot évolution de poste au boulot<br /> Chance en amour<br /> La puissance sexuelle.<br /> agrandir son pénis<br /> Abandon de la cigarette et de l'alcool <br /> Guérir tous sorte de cancer <br /> portfeuille magic multiplicateur d'argent <br /> <br /> voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur whatsapp au 00229 61 79 46 97
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C
Il y a de cela 2 ans j'étais un homme malheureux et malchanceux. J'avais divorcé avec ma femme il y a long temps pourtant je l'aimais. Et j'ai parlé de ça sur internet pour avoir des conseils. Parmi tous les conseils que j'ai reçu une femme qui m'a conseillé de contacter un homme honnete suivit de son mail maitremagni@gmail.com voici son numéro de WhatsApp et appelle 00229 91919752 pour lui expliquer mon cas. Au début je n'avais pas confiance parce que j'ai déjà contacter beaucoup qui m'ont pas satisfait et quand je l'ai contacté, je lui ai expliqué toute la situation de ma femme et moi. Vous savez quoi?<br /> <br /> Cet homme m'a dit qu'il va me faire quelque chose pour que ma femme revienne. Et j'ai passé à quelques rituels.<br /> <br /> Et bizarrement dans les sept jours à suivre ma femme est revenu en me suppliant de remarier avec elle, c'est un miracle pour moi en plus de ça j'avais des soucis au travail avec mon directeur tout ces problèmes sont finis et je suis en paix au travail et dans mon foyer. C'est le premier miracle que j'ai vu dans ma vie.<br /> <br /> (pour tous vos petits problèmes de rupture amoureuse ou de divorce-maladie-la chance-les problèmes liés a votre personnes d'une manière-les maux de ventre-problème d'enfants-problème de blocage-attirance clientèle-problème du travail,porte monnaie magique,multiplication d'argent ou tant d'autres). Ce maitre est très fort avec lui ma femme est revenue et j'ai eu la satisfaction en 7 jours il est très fort surtout les problèmes de retour affectif.<br /> <br /> C'est une personne sérieuse et honnête qui offre son talent a des personnes honnêtes qui sont dans le besoin d'appui spirituel pour avoir satisfaction a tous les problèmes de leur vie actuelle, soit pour s'assurer d'un lendemain meilleur avec leur famille.<br /> je me permets de vous laisser son contacte : voici son numéro de WhatsApp et appelle<br /> 00229 91919752) voici son: email <br /> maitremagni@gmail.com
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S
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